JA Isle 20 USI 13
Et pour une fois, une défaite qui fait gagner…
On le revoie encore sur cette télé locale, à 3 jours du match aller. L’œil vif et rieur, le sourire blasé du vieux renard à qui il ne faut plus lui la faire.
A la question : « avez-vous préparé la saison prochaine et votre éventuelle future montée en fédérale2 ? », il avait répondu sobrement mais avec une belle assurance : « gouverner, c’est prévoir ». Plus tard, après avoir pris connaissance des résultats des autres matchs du secteur et appris que Nontron avait explosé Ussel, un de nos adversaires du jour se réjouissait déjà de la future revanche contre les gars de la Dordogne. Nous, on n’existait pas, on n’était pas grand-chose. A la limite, on était juste un passage obligé, une formalité à la con, un match aller-retour de préparation pour les vrais matchs, ceux qui comptent. Les matchs d’hommes. 13 points d’avance pour nous, 3 essais à un, mais ça ne comptait pas. C’était un accident. On verra ce qu’on va voir chez eux. Ils nous mettent un semi-remorque d’essai dans la gueule, nous passent au Giro broyeur, nous renvoient à nos chères études et enfin, les choses sérieuses commencent.
Franchement peut être que je me trompe, mais ici, c’est comme ça qu’on l’a ressenti.
Nous on a fait ce qu’on avait à faire, c’est-à-dire, se faire plaisir et vivre cette saison le plus longtemps possible. Pas plus de calcul. Et nous aussi on avait une formule toute faite, qui nous allaient mieux : c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens » ou pour les montagnards de l’équipe : « c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses ». On aurait pu aussi rajouter « faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué », mais ça aurait vexé Greg Morillat. Il aime pas trop qu’on le traite d’ours, alors que si y en a un, c’est bien lui. On s’est qualifié et pourtant on a tout fait pour leur rendre la tâche facile : les trois quarts de la troisième ligne dont la capitaine était parti à Londres avec en plus, le plus vieux des deuxièmes lignes, celui dont on dit qu’il a beaucoup d’expérience (expérience ça veut dire qu’il ne court plus et qu’il sait “super gérer” ses efforts. Surtout coté grande tribune). Pour remplacer ces supporters montferrandais déçus mais plein de bières quand même, on avait fait appel aux réservistes et aux jeunes. Butor qui jouait il y a seulement un an de ça en troisième série (mais à la Vallée Verte attention !!) et Juju, un Belascain dont certains disaient que le mettre pour un match comme ça, là-bas, ce n’était pas un cadeau. Je n’ai pas trop compris pour qui ce ne serait pas un cadeau ; pour lui ? Ou pour ceux qui le prendront pleine quiche ? Parce que le bestiau fait pas vraiment dans la dentelle, ni dans le cadrage débordement. Tout ça pour dire, qu’on est passé. Un match aller quasi plein, une « légère » impression de supériorité en face et ça fait nos affaires.
On recommencera donc le même cirque dès la semaine prochaine, sauf que là, les autres, ils sauront.